Hussites
Les Hussites sont les continuateurs de l'œuvre du réformateur Jean Huss. Jean Huss était allé défendre sa doctrine au concile de Constance. Il y fut enfermé dés son arrivée, il fut jugé et brûlé, de même qu'un peu plus tard, son ami Jérôme de Prague. Un soulèvement eu lieu en Bohème à la nouvelle de ces exécutions et le mouvement se forma en camps militaire, mais divisé en deux fractions. Les guerres Hussites eurent un retentissement important dans l'Europe du XVe siècle, préfigurant les guerres des paysans lors de la réforme protestante.
Le contexte de Prague.sommaire
Prague du XIVe siècle, appelée la "ville dorée", pour sa prospérité, abrite en réalité de nombreuses tensions sociales. Centre de l'Empire, sous la maison de Luxembourg, l'aisance du clergé et des classe dirigeante contraste avec la pauvreté de la paysannerie. À l'époque du grand schisme d'occident, où l'autorité du pape est remise en cause, avec aussi la présence des Vaudois, chassés de toute l'Europe et réfugié ici en nombre, la prestigieuse université de Prague, fondée en 1368 est le lieu de grandes agitations intellectuelles.
Le jeune Jean Huss évolue ici. Viennent l'anglais John Wycliffe et ses thèses innovantes discutées dans toute l'Europe.
Jean Husssommaire
Les thèses de Wycliffe furent condamnées dés leurs sorties à Londres, mais elles se répandirent néanmoins.L'université de Prague les condamnera en 1403. Jean Huss, et son ami Jérôme de Prague, qui eurent le temps de les étudier, se prononceront contre cette condamnation totale — Jean Huss soutient la plupart des thèses de Wycliff, mais croit à la présence réelle de Jésus dans l'eucharistie, que Wycliff rejète.—.
La confrontation doctrinal se noue avec une revendication nationaliste. En effet les tchèques sont mis en minorité par un détours institutionnel dans l'université de Prague même. La défense de Wycliff devient une cause identitaire tchèque. De sorte que le débat doctrinal et universitaire devient social.
Une première excommunication frappe Jean Huss en 1411. En 1412 il prononce d'ardents réquisitoires contre les indulgences dont lal vente doit financer la guerre de l'antipape Jean XXIII. contre Ladislas de Naples. Le peuple de Prague le soutient. Il est l'objet d'une excommunication majeure, et la ville est frappée d'interdit du moment qu'il y séjourne. Il se retire alors en campagne et écrit des traité de théologie (de Ecclesia,1413). En 1414 il est cité devant le concile de Constance. On connaît la suite. Il s'y rend en connaissant les risques. Il monte sur le bûcher le 6 juillet 1415.
Guerressommaire
La réaction du peuple et de la noblesse de Bohême est rapide et unanime. Dans la Protestatio Bohemorum signée par de nombreux membres de la noblesse, on déclare entre autre la liberté de la propagation de la parole de Dieu dans les domaines seigneuriaux ainsi que le caractère obligatoire de l'usage du tchèque en tant que langue liturgique. On y préconisait des cérémonies célébrées par des prêtres élus, sans aucun ornement.
Le 30 juillet 1419 des notables catholiques sont défenestrés. C'est le début de l’insurrection hussite.
Les quatre articles de Prague (1420) systématisent la doctrine hussite :
- 1° que la parole de Dieu puisse se proclamer librement sur tout le territoire du royaume, c'est-à-dire que chaque laïc chrétien puisse prêcher librement, partout, sans autorisation de quelque autorité ecclésiastique supérieure que ce soit1
- 2° Que la communion soit distribuée sous les deux espèces,conformément à la pratique des premiers chrétiens qui ne faisaient pas de distinction entre ecclésiastiques et laïcs.
- 3° Que soient supprimés ou du moins limités les biens ecclésiastiques et monastiques : que le clergé vive selon la règle des apôtres, qu'il ne rassemble plus des biens matériels, qu'il cesse d'exercer sur les gens un pouvoir temporel, qu'il cesse de s'approprier sur les fidèles une juridiction profane.
- 4° Que les péchés mortels ainsi que les méfaits contre la loi divine soient punis par le pouvoir temporel, que soient réprimés des actes tels qu la démesure alimentaire, la débauche, le mensonge, la ruse, le parjure, l'usure et la simonie.
L'empereur Sigismondd et l'Église répondent aux Articles en lançant une croisade contre les Tchèques "hérétiques".
Mais deux tendances au sein des hussites se font jour dès le début des hostilités. La noblesse et la bourgeoisie aisée de Prague constitue l'aile modérée et prête à des compromis avec l'Église catholique : ceux sont les "calixtins", ou "praguois". Les pauvres des cités et des campagnes fondent un bastion radical dans une localité non loin de Prague, qu'ils appelleront le "mont Tàbor". Ils sont appelés les "taborites". Les deux camps se traitent mutuellement d'hérétiques.
Le conflit durera plus de quinze ans ensanglantant la Bohême et la Moravie, mais aussi les pays voisins tels que l'Autriche, la Bavière, la Hongrie.
Finsommaire
En 1433 une délégation de taborite et une délégation de calixtins se rendent au concile de Bâle. Après des mois de tractation on conclu un accord : la Compacta Basiliensia :
- 1° La prédication est réservée aux prêtres et aux iacres ayant reçu les ordres, mais menant une vie irréprochable
- 2° La communion sous les deux espèces est admise à condition de croire à la présence réelle.
- 3° Le clergé doit renoncer aux possessions matérielles qui pourraient l'éloigner de l'esprit de l'Évangile.
- 4° La lutte contre les péchés ainsi que les sanctions contre les coupables relèvent de la compétence d'autorités qualifiées.
Accepté par les calixtins, le compromis est rejeté par les taborites.Le conflit reprend. Les calixtins, écrasent les taborites à Lipany, le 30 mai 1434. Mais les premiers seront déçus dans leurs espérances et traités comme des hérétiques par Pie II notamment. Les Compacta seront sans cesse remises en question.
Un groupe de calixtins et de taborite désireux de revenir aux leçons de Huss, deviendront les précurseurs des frères moraves. Une bonne partie des hussites restant adoptera la réforme. La défaite de la montagne Blanche (sur herodote.net), du 8 novembre 1620 mettra un terme au mouvement hussite.
Sourcessommaire
- Kalman Sass. Hussites. p 877 in Dictionnaire des religions. Directeur : Paul Poupard. 1èreéd.,Paris,Presses Universitaires de France,col.Quadrige dicos poche, 1984. 2vol. 2256p. ISBN 978-2-13-056434-8
- Michel Laran - Encyclopedia Universalis
Notessommaire
Raphaël Urbain le 29 février 2016
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